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Catégorie : Nadia Antonin
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1. Introduction

À l’ère du numérique, notamment à partir des années 2000, on a parlé de « net economy ». En France, ce concept a été traduit par « nouvelle économie ». Cette traduction n’est pas satisfaisante car le développement des nouvelles technologies n’a pas fait disparaître les « bons vieux principes » macro et microéconomiques. Ce qui a changé, c’est simplement le lieu de confrontation de l’offre et de la demande. Il est préférable de parler « d’économie en réseau ».

Depuis, d’autres concepts sont apparus comme celui « d’économie numérique », « d’économie immatérielle », « d’iconomie ». Mais que recouvre exactement ce néologisme « iconomie » inventé par les économistes de l’Institut Xerfi.

2. Le concept d’iconomie

Pour Jean-Pierre Corniou du CIGREF (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises) « l’iconomie consiste à inventer  un monde nouveau fondé non seulement sur l’innovation scientifique et technique, mais aussi sur la collaboration individuelle à des œuvres qui peuvent changer tout au long de la vie ». De son côté, le Président de l’institut Xerfi, Laurent Faibis, désigne par « iconomie » un « ensemble de transformations qui touchent les « process », les contenus de la production (…) mais aussi l’organisation des entreprises et de la société comme les modèles de gouvernance ». Ce dernier promeut l’innovation en continu, qui se base essentiellement sur le « cerveau d’œuvre » (à l’opposition de la main d’œuvre traditionnelle) et donc sur les outils de partage de connaissances, d’intelligence et de compétences. Le travail n’est plus un stock où les nouveaux venus remplacent à l’identique ceux qui partent. C’est un flux constant d’adaptations, de transformations continues, d’innovations mais aussi de remises en cause profondes. L’ouverture d’esprit, la flexibilité, la prise d’initiatives, la collaboration spontanée doivent être développées. Au total, ce ne sont plus les mêmes profils de compétence qui sont nécessaires. Comme le souligne Jean-Pierre Corniou, « Au siècle des réseaux et du cerveau d’œuvre, alors que la dématérialisation multiplie à l’infini, idées, sons et images, produire du sens devient aussi important que produire des biens ».

Pour Aurélien Duthoit de l’Institut Xerfi, la troisième révolution industrielle ce n’est pas la transition énergétique proposée par Jérémy Rifkin dans sa publication intitulée « The third industrial revolution » mais la transition iconomique.

3. L’iconomie : 3ème révolution industrielle

Comme l’écrit Frédéric Teulon, la « révolution industrielle est avant tout une rupture quantitative, une phase d’accélération de la croissance à partir de facteurs favorables qui ont permis la mise en œuvre d’inventions nouvelles ».

La première révolution industrielle correspond au développement spectaculaire de l’industrie vers 1770 en Grande Bretagne, puis dans le reste du monde.

La deuxième révolution industrielle s’est produite vers 1875 avec la maîtrise de deux nouvelles formes d’énergie : l’électricité et le pétrole.

« Au 19ème siècle, aucune stratégie d’entreprise ne pouvait ignorer la chimie et la mécanique. Aujourd’hui, aucune stratégie d’entreprise ne peut ignorer le numérique » écrit Michel Volle dans son ouvrage intitulé « Iconomie ». Le numérique ne se résume pas à une simple technologie. Il est le moteur d’une véritable révolution. En d’autres termes, la révolution industrielle apportée par l’informatique et internet a fait émerger l’iconomie en transformant la nature des produits, les techniques de production et de commercialisation, les comportements des consommateurs, etc.

4. « L’iconomie, fille de l’informatique et de l’innovation » (CIGREF)

« L’iconomie se caractérise tout d’abord par un « déluge » d’informations, le « big data ». Pour traiter cette masse d’informations, une nouvelle profession est née : celle de « data scientist » qui devrait devenir le métier le plus tendance du XXIème siècle. Ce spécialiste des données va devenir le centre de gravité de l’iconomie.

Par ailleurs, l’iconomie favorise toutes les formes d’innovations comme l’internet des objets, l’informatique en nuage (« cloud computing »), l’impression 3 D qui permet de créer des objets uniques, le paiement par mobile sans contact, etc.

Enfin, l’iconomie ne se nourrit pas uniquement de technologies. Il s’agit d’un mouvement d’ensemble pour la société toute entière.

Pour maintenir son rang dans le concert des nations, un pays doit non seulement tirer parti des possibilités générées par l’iconomie mais également maîtriser les dangers qu’elle pourrait susciter en procurant des outils puissants à des personnes mal intentionnées par exemple. On observe en effet une importante hausse de la cybercriminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (TIC).

5. Glossaire

Club informatique des grandes entreprises (CIGREF) : Créé en 1970, le CIGREF regroupe plus de cent très grandes entreprises et organismes français et européens de tous les secteurs d’activité (banque, assurance, énergie, distribution, industrie, services, etc.) et a pour mission de promouvoir l’usage de systèmes d’information comme facteur de création de valeur et source d’innovation pour l’entreprise.

Données structurées : Données qui correspondent aux éléments calibrés saisis dans les différents champs des bases de Données.
(Source : nouveau glossaire de l’archivage de Marie-Anne Chabin)

Données non structurées : Informations enregistrées sous forme numérique.
Note : ce sont principalement les fichiers bureautiques et la messagerie.
(Source : nouveau glossaire de l’archivage de Marie-Anne Chabin)

Exploration de données (« datamining ») : Extraction d’un savoir ou d’une connaissance à partir de grandes quantités de données, par des méthodes automatiques ou semi-automatiques, et utilisation industrielle ou opérationnelle de ce savoir.

Informatique en nuage (« cloud computing ») : Technique consistant à externaliser l’ensemble des ressources informatiques qui sont alors stockés et mutualisées par une société tierce sur des serveurs à distance et qui sont accessibles pour les utilisateurs via internet.
Note : Le prix à payer pour ce type de service n’est plus calculé sur l’infrastructure mais sur la consommation effective des ressources informatiques.

Internet des objets (« internet of objects ») : Extension d’Internet au monde réel en fixant des étiquettes munies de codes ou d’URLs aux objets ou aux lieux.
Note : Ces étiquettes pourront être lues par un dispositif mobile sans fil et des informations relatives à ces objets et lieux seront retrouvées et affichées.

Paiement par mobile sans contact (« contactless mobile payment ») : Mode de paiement consistant à utiliser son téléphone portable équipé d’une puce de communication en champ proche comme appareil de paiement.

Technologies de l’information et de la communication /TIC : Ensemble des outils techniques permettant l’échange d’informations internes et externes d’une entreprise : réseaux et télécommunications, systèmes informatiques, sites Internet et autres médias électroniques, environnements collaboratifs.

XERFI : Association qui réunit un groupe d’experts indépendants et qui a pour objectif de stimuler la réflexion stratégique des décideurs des entreprises, des pouvoirs publics et des politiques.

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