Imprimer
Catégorie parente: Conjonctures
Catégorie : Notes de conjoncture
Affichages : 4734

L'immobilier a des difficultés entraînant des risques financiers tant auprès des particuliers que des investisseurs qui ont fourni des fonds. Mais la situation semble pourtant assez stable. Avec une croissance du produit intérieur brut de 1,8 % à 2 % pour 2008, une consommation qui reste forte grâce à une hausse de salaire de 4 % environ, une amélioration de la balance commerciale qui profite de la faiblesse du dollar et une bourse certes plus volatile mais qui reste près de son cours maximum, on pourrait croire que la situation se stabilise. Or les Américains restent inquiets. Essayons d'en analyser les raisons.

I - La crise immobilière.

Les prix ont baissé par rapport à leur maximum d'environ 5% environ en monnaie courante, 8% en monnaie réelle. Cela a aggravé l'endettement des ménages qui passe de 80% de leur revenu en 1990 à 100% en 2000 et 130% maintenant. Malgré une baisse de 47% du nombre de logements construits (par rapport à leur maximum), il y a actuellement un stock d'invendus de 11 mois, maximum historique. Bien plus malgré l'autorisation d'une augmentation des prêts des Agences Fanny Mae et Freddy Mac, le problème dit des « subprimes » devrait s'aggraver vu l'importance des contrats 2-28 . Les acquéreurs de logements qui les ont utilisés, ont deux années à payer à taux d'intérêt faible et 28 à taux variable plus élevé auquel s'ajoutent des annuités de remboursement.

II - L'inflation.

La hausse des prix 2,8 % en septembre s'accélère sous la pression du prix du pétrole qui s'approche dangereusement de 100 dollars, des autres matières premières, des prix agricoles, de la hausse des salaires « plus de 4 % en 2007 » et enfin celle des produits importés (due à la baisse du dollar et à une inflation chinoise de l'ordre de 6 %. Certes cette baisse du dollar est moins nocive qu'elle ne l'était autrefois. On considérait dans les années 80 qu'une baisse de 10% du dollar provoquait une hausse des prix de 5 %.En 2007 cette baisse ne provoque plus qu'une inflation inférieure à 2%.

Cette inflation aggrave la pression à la hausse des taux longs. Ainsi Fanny May a emprunté 500 millions de dollars en novembre 2007 au taux de 7,625 % un maximum historique pour un titre de cette qualité.

III - La productivité.

Dans ce contexte la productivité d'environ 3 % depuis 4 ans baisse vers 2 % aggravant ainsi l'inflation de demande.

Par contre, nous l'avons dit, la consommation et la bourse résistent jusqu'à présent contrairement à ce qui a pu se passer au cours des ralentissements précédents. Une question reste posée : ces îlots de résistance peuvent-ils tenir, d'autant qu'il existe sur le plan interbancaire une frilosité (on peut même parler de manque de confiance entre banques) qui réduit la disponibilité des fonds importants qui existent dans le monde.

On voit aussi les difficultés de la FED prise entre un désir de relancer l'économie (ou du moins de l'empêcher de s'effondrer) par une baisse des taux courts ou une peur de l'inflation maintenant réelle qui pousse les « faucons » à demander une hausse des taux. Aussi deux schémas se dessinent, le premier pessimiste mais qui fait la quasi unanimité à New York, celui d'une stagflation où la consommation se met à se résorber et l'inflation à s'accélérer. Le second plus optimiste suppose un retour de la confiance aidée par des émissions monétaires de la FED du type de celles qu'elle fait en ce moment. Cela devrait provoquer une reprise générale des marchés. Il semble bien que ces deux scénarios doivent se succéder, aussi il faut espérer que la période d'austérité se révèlera la plus brève possible.

Jean-Jacques Perquel