Il n’est pas difficile de trouver de bonnes raisons pour être déçu par les performances économiques et sociales françaises. Le commerce extérieur est dans le rouge à plus de 11 Milliards € sur le second trimestre. Une présence économique insuffisante sur le continent Américain et en Asie est à l’origine d’un recul de 0,5 point de parts de marché mondial qui passe de 5,3 % en 2000 à 4,8 % en 2004 selon l’OCDE. La dette publique en augmentation constante est voisine de 1100 milliards €. La croissance sera voisine de 1, 5 % selon les dernières prévisions de l’INSEE corroborant l’information communiquée par le Président de la BCE lors du déjeuner du Financier organisé par notre association au mois de mars dernier.

Seul le chômage semble se tasser et pourrait revenir de manière durable à un taux inférieur à 10 % grâce aux actions énergiques engagées par le gouvernement précédent et la poursuite de ce traitement social dans le cadre des orientations prises par le nouveau Premier Ministre. Cependant les années de croissance 1999-2001 ont mis en évidence les rigidités du marché de l’emploi en France dès lors que la croissance dépasse 3 % ce qui signifie que même avec une croissance à ce niveau le taux de chômage descendrait difficilement en dessous de 7 %.

La hausse des prix du pétrole à 70 $ le baril ne fait que ralentir une dynamique de croissance française et européenne molle déjà atteinte par un euro trop cher par rapport au dollar.

Il est un point extrêmement positif qui est la création des pôles de compétitivité. Ces derniers devraient faciliter l’émergence de projets industriels porteurs et stimuler la création d’emplois. Parallèlement la mise en place d’Oseo/Anvar pour accompagner le financement de l’innovation dans les PME, de l’Agence nationale de la Recherche et de l’Agence pour l’Innovation Industrielle constituent une révolution tranquille. Cette nouvelle organisation rapproche la France de la Recherche et de l’Innovation des schémas d’Europe du Nord, d’Amérique du Nord et du Japon.

La faiblesse du système concerne le financement des jeunes entreprises de technologie qui reste extrêmement faible en matière de capital d’amorçage et de capital-risque. Il ne faut pas s’illusionner ce n’est pas en s’inspirant du modèle japonais du pilotage du développement économique par des grands groupes industriels, lesquels seront pour partie financés par l’agence industrielle pour l’innovation, que l’on fera émerger des entreprises nouvelles de classe mondiale. C’est une des caractéristiques que l’on peut observer au sein de l’économie japonaise. L’émergence de ces nouvelles entreprises de classe mondiale ne peut se faire que par l’existence d’une industrie du capital-risque puissante et alimentée par des fonds d’investissement aux ressources suffisamment larges pour porter ces projets sur des horizons à moyen ou long terme. Ces fonds qui devraient s’investir dans le non-côté font actuellement défaut à l’économie française et sont aspirés par l’assurance vie et les nouveaux plans d’épargne retraite. Un véritable rebond industriel et économique devrait s’appuyer sur la création de véhicules financiers disposant de ressources abondantes et longues.

Dans le contexte actuel de pétrole cher il faut s’attendre à une croissance molle en France pour les deux années à venir. Cette croissance ne suffit pas à financer notre système social dont les déficits augmentent (plus de 11 milliards € de déficit prévus pour la sécurité sociale en 2005)

Sauf à se satisfaire de ce déclin, déjà mesuré par Eurostat pour l’évolution relative de la baisse du niveau de vie des Français depuis 20 ans au sein de l’Union européenne, une amélioration ne peut venir que d’une modification profonde du modèle économique et social français.

Daniel Bretonès Septembre 2005