Dans son ouvrage intitulé "Celui qui ne travaille pas ne mange pas", Régis Brunet, professeur à l'université catholique de Louvain, rappelle que "des abbayes bénédictines aux soviets bolchéviques et de la Réforme calviniste au capitalisme", la formule de Saint Paul n'a cessé de retentir : "que celui qui ne travaille ne mange pas non plus". Cet aphorisme, repris par Lénine pendant la révolution russe, exprime un contrat social autour de la "valeur travail".

La valeur-travail est un concept théorique utilisé notamment par Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, John Locke qui justifie la propriété individuelle par le travail et David Hume selon qui toute chose s'achète avec du travail. Ce concept part du principe que le prix de vente d'un bien ou d'un service est uniquement fonction de la quantité de travail qui a été nécessaire pour sa production ou sa réalisation. Il s'oppose à celui du prix du marché, qui est la résultante de l'offre et la demande et que l'on désigne sous le vocable "valeur utilité".

La publication de l'ouvrage de Dominique Meda "Le travail, une valeur en voie de disparition" publié en 1995, suivi de la parution en France du livre de l'économiste américain Jeremy Rifkin "La fin du travail", a relancé le débat public sur la valeur-travail.

Après avoir rappelé la contribution du facteur travail à la croissance économique, nous démontrerons que celui-ci n’occupe pas la place qui lui revient en tant qu’impératif économique et sociétal.

1. La contribution du facteur travail à la croissance

Les économistes classiques anglais ont posé les premiers jalons d’une théorie de la croissance. Ainsi, pour Adam Smith (1776) et David Ricardo (1819), la croissance économique résulte de l’accumulation du capital. Cela étant, ils ont une vision plutôt pessimiste du long terme en ce sens qu’ils ne croient pas à une possibilité de croissance indéfinie du système mais à un passage fatal de l’économie progressive à un « état stationnaire ». Rompant avec la thèse de l’état stationnaire, une reformulation fondée sur l’analyse keynésienne (modèle Harrod Domar) puis néo-classique (avec le modèle de Solow) relance, dans les années 50, le débat sur la croissance.

Selon François Perroux, la croissance économique est « l’augmentation soutenue durant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global brut ou net, en termes réels ». Pour Simon Kuznets, le théoricien de la croissance, cette dernière peut-être définie comme étant « une hausse sur une longue période de sa capacité d’offrir à sa population une gamme sans cesse élargie de biens économiques ». La croissance repose sur la combinaison de trois facteurs : le travail, le capital et le progrès technique ou productivité globale des facteurs/PGF (voir glossaire).

Dans son ouvrage intitulé « Les nouveaux rouages de l’économie », Jean-Marie Albertini écrit que « le travail est le premier et le plus essentiel des facteurs de production. Le capital n’est qu’un facteur de production dérivé » (...). Pour cet économiste, « il existe une relation étroite entre la croissance économique, le nombre de personnes que l’on peut mettre au travail, et la nature du travail fourni ». En d’autres termes, le facteur travail détermine à la fois par sa quantité et sa qualité le niveau de la croissance économique. Il est la principale source de création de richesses. Sans travail, le capital ne peut pas produire. D’où la nécessité de le valoriser.

La quantité de travail disponible dépend du volume de la population active et de la durée du travail. Le volume de la population active dépend de deux facteurs : la démographie et le taux d’activité, c’est-à-dire le rapport entre la population active et la population totale. Concernant la durée du travail, il faudra un nombre d’autant plus important de travailleurs, pour une même quantité de travail, que la durée de travail sera faible.

La qualité du travail dépend du niveau de qualification des travailleurs et de la productivité du travail. Le niveau de qualification, la formation et l’allongement de la durée des études contribuent à améliorer la qualité du travail. S‘agissant de la productivité, elle a dramatiquement ralenti en France ces dernières années. Ainsi, les gains de productivité français, qui tournaient autour de 2 % par an dans les années 1980, sont tombés à moins de 1 % à la fin des années 2000, à 0,4 % sur la période 2012-2017 et à 0 % début 2019. La productivité dépend entre autres de la qualité de vie au travail. Le besoin de bien-être au travail n'a cessé de croître et a conduit les directions de ressources humaines (DRH) à développer des projets pour assurer un "mieux vivre au travail" car investir dans ce domaine est un gage d'efficacité et de performance.

2. Un manque d’incitation au travail

Une étude de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) intitulée « Les taux marginaux effectifs de prélèvement pour les personnes en emploi en France en 2014 » de Juliette Fourcot et Michaël Sicsic confirme qu’en France, l’incitation à travailler plus est faible. La fraction d’une hausse du revenu d’activité ponctionnée entre autres par les prélèvements obligatoires (impôts, cotisations sociales, ...) « est élevée », soulignent les auteurs. Ces derniers expliquent « qu’un taux marginal d’imposition élevé peut conduire les individus à réduire leur temps de travail, à limiter leurs efforts pour obtenir une promotion ou développer une activité libérale ou entrepreneuriale, ou même à sortir du marché du travail ».

A. Concentration excessive des prélèvements obligatoires sur le facteur travail

Dans un rapport de l’OCDE publié en avril 2018 sur « la taxation des salaires », le poids des impôts et cotisations sociales sur les salaires s’est encore alourdi en 2017 alors que les cotisations sociales employeur ont régressé de manière significative. De son côté, la Commission européenne révèle que les prélèvements obligatoires sur le travail représentaient 23,9 % du PIB en France en 2018 contre une moyenne de 21,1 % dans la zone euro et de 19,6 % dans l’Union européenne. La France est au deuxième rang de l’Union, derrière la Suède.

Pour rendre compte du poids des impôts sur le facteur travail, la théorie économique met en évidence les effets du coin socio-fiscal ou socialo-fiscal d’une part, et les effets de l’impôt redistributif d’autre part.

Le coin socio-fiscal permet d'évaluer l'ampleur de l'effet dissuasif exercé par l'impôt sur les revenus du travail. A cet égard, la France reste parmi les pays qui appliquent un niveau de prélèvements fiscaux et sociaux sur les revenus du travail les plus lourds. En moyenne, en prenant en compte les différentes situations familiales et niveau de revenus, le coin fiscal est en France supérieur de 12 % à la moyenne des pays de l’OCDE. La France étant l’un des pays au monde ayant le coin socio-fiscal le plus élevé, les jeunes cadres sont incités à s’expatrier vers des pays où celui-ci est plus faible et les salaires nets plus élevés.

Pour ce qui est de l’impôt redistributif, celui-ci s’oppose à la première conception de l’impôt, « l’impôt-échange », « l’impôt-assurance » ou « l’impôt-contrepartie » ayant prédominé pendant la seconde moitié du XVIIIème et au cours du XIXème, qui pose l'impôt comme le prix payé par le contribuable pour la sécurité et les services que lui apporte l'Etat. La politique de redistribution qui continue d’être menée en France se caractérise par une pression fiscale de plus en plus lourde pesant notamment sur les classes moyennes qualifiés « d’aisées » (au-delà de 2 300 euros par mois !) et de «  riches « au-dessus de 3 155 euros par mois !). Parler de classes « aisées » et de classes riches pour ces niveaux de revenus mensuels est une ineptie. En effet, l’approche économique de l’impôt redistributif qui tient compte uniquement des revenus et exclut le patrimoine est réductrice et source d’iniquité en matière de politique fiscale et sociale. En outre, la fixation arbitraire de seuils de revenus en-deçà duquel sont appliqués les exonérations et les dégrèvements d'impôts ainsi que les mesures sociales est très contestable. Au total, ce type de fiscalité est lourd de conséquences en termes d'équilibre économique. Il conduit non seulement à une paupérisation des classes moyennes (maillon le plus solide de la société française pendant des décennies), à un accroissement de l'assistanat, mais il pèse également très fortement sur la compétitivité ainsi que sur l'investissement et l'innovation. La théorie économique montre les risques que le niveau élevé des prélèvements obligatoires en France, assis principalement sur les facteurs de production (travail et capital productif), fait peser sur l'économie, et en particulier le rôle préjudiciable à l'emploi que joue une concentration excessive de la fiscalité sur le facteur travail. La légitimité de l'impôt est remise en question et l'Etat est accusé de gaspilleur de ressources. En résumé, l’impôt excessif que subissent les classes moyennes évoquées précédemment, décourage l’activité économique, diminue la matière imposable et finit par réduire le rendement de l’impôt lui-même : « Trop d’impôt tue l’impôt », écrit l’économiste Arthur Laffer (voir glossaire). A quoi bon travailler si le gouvernement prend tout ?

Dans son ouvrage intitulé « Le grand hold-up : où passent vos impôts ? », Laurence Allard explique pourquoi les ménages n’ont plus intérêt à travailler et à gagner davantage, car « l’effort supplémentaire ne justifie pas le gain réel ». L’auteur prend l’exemple de la coiffeuse « qui préfère travailler seule, quitte à perdre des clients et donc du chiffre d’affaires » et du médecin « qui choisit d’aller jouer au golf tous les vendredis après-midi. Le travail ne paie plus ! ». De son côté, Philippe Bruneau dans son ouvrage « le travail ne paie pas », révèle que parmi les valeurs auxquelles il croit et qu’il voudrait inculquer à ses enfants figurent le goût de l’effort, l’amour du travail et la reconnaissance du mérite. Il déplore que ces valeurs ne soient pas valorisées et dénonce notre système fiscal qui, selon lui, « marche sur la tête, à plus d’un titre ».

Un impôt excessif est à l’origine non seulement de l’exode des jeunes cadres (voir précédemment) mais également du développement du travail non déclaré et de la fraude fiscale.

D’après un rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi de février 2019, le poids de l’économie souterraine (voir glossaire) s’élèverait à 12,6 % du produit intérieur brut en France. 2,5 millions de personnes seraient concernées par ce secteur difficile à mesurer. Le manque à gagner en matière de cotisations sociales est estimé entre 4,4 et 5,7 milliards d’euros en 2018 selon l’ACOSS qui est la caisse nationale du réseau des URSSAF.

L’estimation la plus répandue de la fraude fiscale est de 80 à 100 milliards d’euros de manque à gagner annuel pour les finances publiques en France. C’est énorme mais ces chiffres sous -évaluent fortement le phénomène de fraude et évasion fiscale. Il est d’usage de distinguer l’évasion fiscale illégale dans les paradis fiscaux, la fraude fiscale nationale comme la fraude à la TVA, à l’impôt sur les sociétés ou à l’impôt sur le revenu et l’optimisation fiscale pratiquée notamment par les GAFA, qui utilise tous les moyens légaux disponibles pour réduire la charge fiscale.

B. Une absence de reconnaissance au travail

La reconnaissance au travail est depuis toujours une question cruciale pour l'entreprise et les salariés. Comment reconnaître c'est-à-dire identifier, évaluer et récompenser les mérites de chacun pour éviter la démobilisation, le mal-être, le sentiment d'injustice ainsi que le départ des cerveaux à l'étranger ? Comme le rappelle l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT), le défaut de reconnaissance des contributions de chacun ou le déni des difficultés rencontrés sont autant de causes de démobilisation, de mal-être au travail et de contreperformance productive. Pour Laure Becker, formatrice en management et en efficacité professionnelle, auteure de l'ouvrage "L'art de la reconnaissance au travail", "Reconnaître une personne pour son travail, ses efforts ou ses compétences, c'est l'aider à entretenir une image positive d'elle-même et à poursuivre ses actions dans ce sens(...). "Un salarié qui se sent reconnu sera plus motivé et plus engagé au sein de son entreprise".

Un manque de reconnaissance entraînant une perte de motivation, la conscience professionnelle en France est mise à mal. La question qui se pose est de s’interroger su le fait de savoir d’où vient cette crise de la conscience professionnelle, qu’est ce qui a abîmé la valeur travail ?

Dans le monde du travail en France, certains salariés ont malheureusement l’impression que pour être « heureux » au travail il vaut mieux être tire-au-flanc, malhonnête et incompétent que travailler avec beaucoup d’énergie, de passion et d’investissement personnel. On reprochera à une personne consciencieuse de « déranger », de « faire de l’ombre ». Il faut savoir rester à sa place et ne pas faire preuve d’enthousiasme et d’ardeur au travail. Cette affirmation est le fruit de nombreux témoignages.

Cette absence de reconnaissance s’explique par des sentiments de jalousie et de mesquinerie, qui s’avèrent très prégnants dans notre pays et qui nuisent aux bonnes relations de travail. Par ailleurs, il existe en France une large palette de "mauvais managers" qui ont été mal choisis pour diriger des équipes et des supérieurs hiérarchiques toxiques prenant du plaisir à déstabiliser les autres pour établir leur autorité. On observe hélas que dans tous les secteurs (privés et publics) de nombreux managers ne sont pas sélectionnés sur leurs compétences et leurs qualités humaines. Xavier Camby, auteur de "48 clés pour un management durable- Bien-être et performance", écrit dans son ouvrage que « malgré une belle productivité, la France s'enfonce chaque jour davantage dans un marasme économique et social, faute de managers sachant manager".

Depuis quelques années, d’aucuns évoquent le travail collaboratif, mais on se heurte à des freins liés au comportement des individus d’une part (esprit individuel de compétition, le « chacun pour soi », ...) et au management d’autre part (manque d’implication, hiérarchie forte, refus des communications transverses, etc.).

C. Une réussite qui n’est pas toujours fondée sur le mérite et une valorisation insuffisante des diplômes

S’agissant du mérite que l’on peut définir comme une réussite basée sur un ensemble de qualités qui rendent une personne ou ses actions dignes d'estime et de louange, ou comme un moyen de lutter, selon Van Duyne, "aux pratiques de "constitution de cour et de nomination à la Caligula", il semble qu’il ait disparu au profit de la prime à l’incompétence. Le phénomène de "constitution de cour" correspond à une situation dans laquelle le responsable d'une structure s'entoure de personnes qui lui ressemblent et qui ne remettent jamais en question son avis. Dès lors, ce ne sont plus les compétences et les qualités de la personne qui pèsent le plus dans le recrutement, la sélection et l’avancement, mais l'obéissance au supérieur. Pour Van Duyne, cette pratique peut mener à des "nominations à la Caligula" c'est-à-dire que les responsables n'hésitent pas à recruter des personnes sur des critères purement subjectifs sans se préoccuper vraiment de leurs compétences. Il en résulte alors le plus souvent des nominations de qualité médiocre. Le principe du mérite disparaît au profit du népotisme et du copinage. Ces pratiques de favoritisme ont des conséquences négatives sur le fonctionnement d'une organisation (difficultés à recruter du personnel très compétent, absentéisme, manque de motivation, déficit de confiance et de respect dans la hiérarchie, ...) et sur la société (déficit de confiance de la population). Outre la non reconnaissance du mérite, d’aucuns déplorent la dévalorisation des diplômes et notamment le doctorat. comment expliquer qu'un doctorat (PhD en anglais) est un signe d'excellence à l'étranger alors qu'en France 12% des jeunes docteurs sont encore en recherche d'emploi trois années après la thèse contre 4 ou 5 % dans la plupart des pays développés ? D'après une étude du CEREQ de décembre 2016, le taux de chômage des docteurs avoisine aujourd'hui 10 %, soit trois plus qu'en Allemagne, en Angleterre ou aux États-Unis qui en forment pourtant davantage que la France. Autres chiffres intéressants : seuls 12 % des chercheurs en entreprises sont des docteurs d'après un rapport datée de 2014 sur "l'état de l'emploi scientifique en France" et seul un docteur sur 4 était employé dans le secteur privé en 2015, contre 1 sur 3 aux États-Unis ou au Royaume-Uni selon un rapport d'inspection de juillet 2015.

Dans un texte intitulé « La société de défiance - Comment le modèle social français s’autodétruit », le sociologue Daniel Martin souligne que « le travail est dévalué, c’est une valeur ringarde qui ne donne droit à aucun respect. Pire même, les jeunes ne connaissent plus la règle d’après laquelle le travail est un investissement qui doit précéder le plaisir (exemple : impossible de jouer du piano sans apprendre d’abord le solfège et faire des gammes) ».

Nous sommes tombés dans un système de médiocratie, c’est à dire dans un système politique qui encourage les médiocres et qui fait la promotion de l’incompétence.

3. Les manifestations et les méfaits de la disparition de la valeur travail

A. Vivre des aides de l’État

L’assistanat est trop développé en France. Nous assistons à un rejet de la valeur travail. Plutôt que travailler, certains ne comptent que sur les aides sociales.

Les comparaisons internationales révèlent une certaine « exception française ». Avec un tiers de la richesse nationale consacrée à la protection sociale, soit 727,9 milliards d'euros en 2017, la France reste le pays le plus généreux d'Europe, indique une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), le service statistique du ministère de la santé et de la solidarité. D'aucuns parlent de la France comme « la patrie des mille et une allocs ! ». On assiste à une progression inexorable des minima sociaux et prestations sociales, qui exercent un rôle majeur dans la redistribution des revenus envers les ménages pauvres ou aux revenus modestes. A titre d'exemple, les prestations familiales regroupent à elles seules environ dix huit allocations regroupées en trois catégories : les prestations générales d'entretien, les prestations d'entretien et d'accueil liées à la petite enfance regroupées dans la prestation d'accueil du jeune enfant/PAJE et les prestations à affectation spéciale. La France serait la championne incontestée des aides sociales en Europe. Pour Eric Brunet, auteur de l'Obsession gaulliste publié en 2017, "l'obsession de l'autocélébration du dogme de l'assistanat est le cœur de l'idéologie française". Après avoir cité le proverbe chinois : "Donne un poisson à un homme, il aura à manger pour un jour ; apprends-lui à pêcher, il aura à manger pour tous les jours de sa vie", cet auteur en conclut que "la générosité publique française, la plus importante du monde, donne mais n'apprend pas".

Pour Daniel Martin, « la culture de mépris du travail a favorisé l’abandon à l’État du soin de tout réglementer, de garantir emploi, logement et santé à un peuple dont trop de citoyens ont une mentalité d’assisté ».

B. De l’argent facile sans travailler

Dans un article intitulé « De l’argent facile », Claire Duport, docteur en sociologie et professeure associée à l’Université Aix-Marseille, rappelle que l’activité de trafic de drogue est souvent associée à l’idée d’argent facile.

Un autre type de corruption qui rapporte de l’argent facile est la cybercriminalité que l’on peut définir comme « l’ensemble d’atteintes aux biens ou aux personnes commises via l’utilisation des nouvelles technologies  » (Vincent Lemoine, chef du groupe cybercriminalité de la Brigade de Recherches (BR) de Nanterre. Les attaques sur les systèmes d’information se multiplient comme jamais dans l’histoire, pas seulement en France mais dans le monde entier. Les hackers et autres pirates du net font preuve d’ingéniosité et d’une organisation toujours plus grande. Nombre de ces attaques sont d’un haut niveau de professionnalisme et atteignent des cibles à haute valeur ajoutées : les entreprises énergétiques, de santé, de télécommunications, les banques, les sociétés de sécurité, les systèmes couverts par le secret de la Défense nationale. En 2017, 42 % des internautes français ont été victimes d’un comportement cybercriminel, selon un rapport Norton by Symantec. La cybercriminalité s’avère particulièrement rentable. Ainsi, d’après Tanguy de Coatpont, Directeur Général France de Kaspersky Lab, la cybercriminalité et rapporte plus aujourd’hui que le trafic de drogue. La cybercriminalité ne cesse d’augmenter car les auteurs agissent en toute impunité.

3. Conclusion

Pour résumer les propos énoncés dans le présent article, nous pourrions reprendre la formule de Jacques de Bandt « Le travail pose problème » en France. Dès lors, afin de sauver la France du déclin qu’évoque Samuel Tual dans son essai « Le travail pour tous ! revaloriser le travail pour sauver la France », il faut redonner au travail ses titres de noblesse en mettant en place des stratégies qui fournissent les incitations nécessaires pour travailler et qui permettent d’en finir avec l’assistanat qui coûte très cher à la nation. « La France n’a plus les moyens d’accueillir toute la misère du monde ».

Pour Emmanuel Kant, « la meilleure façon de jouir de la vie est le travail : c’est une délivrance profonde, qui réalise l’homme, lui permet de s’épanouir en sa liberté, qui l’arrache à l’ennui pour le conduire à saisir profondément l’intérêt pratique, qui vivifie sa raison, et enfin le mène à la joie. La vie possède un sens, une valeur et par l’action, par le travail, l’homme ordonne le temps au lieu de le subir et il donne un sens à son existence ». A contrario, certains théoriciens dénoncent les aspects de l’assistanat qui, par des effets de trappe à inactivité, encourage le maintien hors du marché du travail plutôt que la reprise de l’emploi. L’assistanat est perçu comme un encouragement à la paresse, une négation de la liberté et de la responsabilité de l’individu, un manque de dignité, une aliénation.

Finalement, l’entreprise du XXIème siècle doit à tout prix placer l’humain, le salarié au centre de son identité. Le capital humain est incontestablement au cœur de la réussite d’une entreprise.

4. Glossaire

Capital humain : Ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir faire, etc. (Gary Becker).

Coin socio-fiscal : Écart entre le coût total du travail et le salaire net perçu par le travailleur.

Courbe de Laffer : Courbe en cloche qui relie le taux moyen d’imposition au produit de l’impôt.
Note : lorsque les taux d’imposition augmentent, le rendement de l’impôt croît jusqu’à un certain seuil, au-delà duquel il régresse.

Économie souterraine : Ensemble d’activités allant des activités légales réalisées illégalement aux activités illégales.

Fraude fiscale : Soustraction illégale de tout ou partie de la matière imposable d’un contribuable.
Note : Ne pas confondre avec l’évasion fiscale qui consiste à contourner ou diminuer l’impôt en profitant des possibilités offertes par les règles fiscales ou leurs lacunes.

Impôt échange : Prix à payer par le contribuable pour la sécurité et les services que lui apporte l'État.

Impôt redistributif : Impôt qui vise à réduire les écarts de revenus entre les ménages d'une même société.

Optimisation fiscale : Technique qui consiste à utiliser tous les moyens légaux disponibles pour réduire la charge fiscale.
Note : L’optimisation fiscale se distingue de la fraude fiscale.

Productivité du travail : Volume de la production que l’on peut obtenir avec une unité de facteurs de production pour une période donnée.

Productivité globale des facteurs : Rapport de la valeur de la production (quantité produite) à la valeur totale des moyens de production utilisés (travail et capital).
Note : La productivité globale des facteurs permet de mesurer l’efficacité de la combinaison productive du travail et du capital.

Théorie du capital humain : Ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc.
Note : Cette théorie a été développée en 1964 par Gary Becker.

Trappe à chômage : Situation où les prestations versées aux chômeurs et à leur famille sont élevées par rapport au revenu net du travail.

Travail collaboratif : Travail en commun d'égal à égal où chaque intervenant apporte son savoir, ses compétences, ses idées.
Note : Le travail collaboratif n’est plus basé sur une organisation hiérarchisé et il n’y a pas de répartition des tâches.

Travail coopératif : Coopération entre plusieurs personnes qui interagissent dans un but commun mais qui se partagent les tâches.
Note : Chaque personne est responsable d’une partie de résolution d’un problème. Exemple de la manufacture d’épingles d’Adam Smith.

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