Le monde est actuellement dans une période de croissance du cycle de longue durée (ou cycle de Kondratiev ). Cette période est marquée par un développement de l’innovation dans des quantités de domaines : informatique, robotique, astronomie, études des micro- particules, médecine, écologie etc …et des pertes d’emploi dans les secteurs condamnés Cela provoque des réactions politiques chez les victimes de la transformation. C’était déjà le cas dans les années 30 du XIXème siècle ( transformation de l’industrie textile et révoltes des « Canuts « de Lyon). Ce fut le cas lors du développement des Chemins de fer, de l’automobile, de l’électricité, etc...

Par contre la période suivante du cycle de Kondratiev sera absolument euphorique, malgré des ralentissements techniques (cycles de Juglar). Les individus auront la conviction que « cela ne sera plus jamais comme avant » mais il faut tenir compte de deux éléments qui modifient les comportements
a ) Le premier est favorable. C’est la redécouverte de l’argument de Knut Wicksell selon lequel les crises sont dues non à une surproduction (sauf quelques cas d’espèces) mais à une sous-consommation. Cela entraîne la découverte que l’on pourrait corriger partiellement une crise par une émission monétaire. C’est la grande innovation de Ben Bernanke et Hank Paulson pour sauver le secteur bancaire, reprise par tous les pays du Monde. Déjà les gouvernements des pays riches pratiquent la « monnaie hélicoptère » » sous forme de « minimum vital ».
b) malheureusement ce développement Schumpetérien ( la destruction créatrice ) victimise, au début de la transformation économique, un grand nombre de gens. Leur réaction ne s’est pas fait attendre : la « montée » du populisme et l’appel au protectionnisme. Aussi pour comprendre l’évolution actuelle, il nous faut analyser les conséquences de l’augmentation de la masse monétaire, les problèmes posés par les risques climatiques et les dangers du protectionnisme.

I - Les effets de la « Nouvelle Politique Monétaire »

Il y a, en fait, un élargissement de la masse monétaire disponible. L’augmentation du Bilan des Banques Centrales (multiplication par 5 du Bilan de la Reserve Fédérale, de 4,5 fois celui de la Banque Centrale Européenne etc.) a provoqué une augmentation considérable des crédits d’où un effondrement des taux.
Certes l’existence de taux négatifs est une anomalie qui correspond à un désir de « spéculer » sur une monnaie dont on espère qu’elle se réévaluera par rapport au Dollar. Celui-ci reste actuellement la « monnaie de base » car pour le moment il n’en existe pas d’autre : l’Euro dispose d’une Balance des Paiements fortement bénéficiaire ce qui raréfie l’usage de l’Euro dans le Monde. La Livre Sterling est devenue relativement secondaire, l’Or est trop spéculatif , le Yuan trop contrôlé, quant aux monnaies cryptées elle ont encore trop peu d’importance.
Le développement monétaire est souvent critiqué pour plusieurs raisons :

a) Hyman Minsky a prouvé qu’en période classique monétaire, le développement de la Croissance et de l’Innovation devait provoquer une augmentation du Crédit et des Risques qui l’accompagnent. Dès qu’il pouvait se produire un léger ralentissement le Crédit se révèlerait impossible à rembourser d’où des krachs en chaine. En fait tant que les Banques Centrales peuvent émettre de la monnaie sans créer d’inflation, le risque de non-paiement généralisé est retardé. Il peut être même considérablement réduit si l’on accepte une faible inflation (entre 2 % et 4 %) des taux parfaitement contrôlables.

b) Le vrai danger reste dans l’utilisation des fonds rendus disponibles Ainsi le premier « Assouplissement quantitatif / Quantitative Easing » de Ben Bernanke a surtout été utilisé pour des spéculations sur les monnaies (Carry Trade ), sur les objets d’Art, un peu sur les Bourses, beaucoup pour des dépôts auprès des Banques Centrales. Le manque de confiance dans la situation n’incitait pas à utiliser les fonds disponibles pour des investissements capables d’assurer le remboursement des fonds fournis. Les besoins des industries nouvelles et de l’écologie devraient garantir que les fonds des Q.E sont utilisés à des fins économiques valables.

c) Il y a quand même une limite à l’émission de fonds. C’est le jour où le public perdra confiance dans le Dollar .Pour les tenants de la « Nouvelle Politique Monétaire » cela ne devrait pas se produire avant 10 ans et les excès devraient être résorbés avant cette date. En résumé tant que l’on ne trouve pas de monnaie de réserve de remplacement, le dollar reste la monnaie Mondiale. On peut donc en émettre chaque fois qu’une récession semble apparaitre. Dans ce contexte les taux d’intérêt à court terme voient leur influence limitée aux opérations de trésorerie puisque vu l’importance de la masse monétaire les taux longs ont tendance à passer au-dessous des taux courts.

II. Le rôle de la protection de la Nature

Les crises climatiques, la fonte des glaces entrainant une hausse du niveau des mers, les résidus plastiques, etc… posent un problème à l’ensemble du Monde. La solution actuellement proposée consiste essentiellement en un retour à un Monde pré XIX ème siècle avec une agriculture privée de produits phytosanitaires, des routes sans voitures car les solutions trouvées : voitures électriques, usines atomiques soulèvent un grand nombre de difficultés. De toute façon les solutions recherchées posent un problème financier; comment peut-on faire comprendre au public l’avantage des sacrifices qu’en général on leur demande ? En fait il y a deux types de financement :

a ) le financement pénalisateur (hausse du prix des cigarettes, des taxes sur l’essence, etc…) ce qui est très mal vu du public c’est-à-dire des électeurs qui demandent toujours plus de « protection » et moins d’ « impôts ». Cela provoque des difficultés dans tous les régimes démocratiques.

b ) utiliser l’argument électoral classique : L’Etat paiera. Il est certain que certains pays à budget excédentaire (Allemagne,) peuvent un peu le faire mais ce n’est pas dans leur « Philosophie », marquée par le souvenir des crises monétaires de 1924 et 1948.On revient alors à la théorie de la « Théorie Monétaire Moderne » pour laquelle un certain déficit budgétaire est acceptable s’il a pour but l’investissement et un enrichissement à terme. Il est certain que celui-ci est faible ce qui limite les possibilités de ce mode de financement sans prendre le risque de remettre en cause la Monnaie Mondiale c’est-à dire le Dollar.

III Les dangers du Protectionnisme

Le protectionnisme est le plus grand danger que rencontre la Nouvelle politique Monétaire et cela pour plusieurs raisons :

a) la principale réside dans le danger d’inflation. En effet tous les pays qui subissent des augmentations de « n % » des prix de certains produits importés augmentent leur prix de vente d’un certain pourcentage « n’  <  n » car les importateurs acceptent souvent une baisse de leurs marges. Cependant les producteurs locaux profitent de la réduction de la concurrence pour augmenter leurs prix . Ces hausses provoquent des revendications sociales qui accélèrent la hausse générale des prix. Dans ce contexte de concurrence prix-salaires, la Nouvelle Politique Monétaire a du mal à s’équilibrer d’autant que la politique de lutte contre l’inflation consiste de façon « classique » à augmenter les taux courts au risque d’accélérer encore l’inflation avant de peser sur l’activité économique. Certes il peut être utile de prendre des mesures contre des politiques de « vente à perte » de pays étrangers mais il faut le faire avec de grandes précautions pour ne pas déséquilibrer le système de la NPM qui repose sur une croissance, sans inflation, de l’investissement et de la productivité.

b) Le protectionnisme donne à court terme un regain de contentement de soi et un certain laisser-aller qui pousse à refuser les avantages des progrès de productivité et retarde à terme le développement des initiatives. En revanche une certaine protection reste utile quand elle lutte contre des solutions de vente à perte. Il s’agit alors de mesures spécifiques et non généralisées.

Conclusion

On voit que la Nouvelle Politique Monétaire repose sur plusieurs postulats :

I . Les taux doivent rester voisins de zéro pendant une longue période pour obliger les « Ménages » à investir dans des actifs réels (Bourse et Immobilier) même si l’on ne peut pas éviter des dérapages en faveur de « l’immobilier déjà construit », l’or et les objets d’art. Les Institutionnels doivent pouvoir s’adapter à cette situation en augmentant, ( le moins possible), les commissions qu’ils prélèvent sur leurs déposants.

II . Les taux doivent rester voisins de zéro pendant une longue période pour obliger les « Ménages » à investir dans des actifs réels (Bourse et Immobilier) même si l’on ne peut pas éviter des dérapages en faveur de « l’immobilier déjà construit », l’or et les objets d’art. Les Institutionnels doivent pouvoir s’adapter à cette situation en augmentant, ( le moins possible), les commissions qu’ils prélèvent sur leurs déposants.

III. On déforme la pensée de la NPM en considérant qu’elle excuse le développement des déficits budgétaires pour améliorer les revenus de la population alors que les défenseurs sont beaucoup plus orthodoxes . Ils n’acceptent une aggravation des déficits publics qu’uniquement s’ils servent à l’investissement à long terme.

IV. Il ne faut pas mésestimer le risque d’inflation incontrôlée si l’émission monétaire devient telle que le dollar perde la Confiance du Public. A court terme il y a peu de dangers du fait de l’impossibilité à l’heure actuelle d’une autre monnaie internationale. A cela s’ajoute un deuxième risque : une inflation de coût par une hausse imposée des salaires ou une augmentation du prix du pétrole, augmentation dont on a vu en 1973 et 79 les effets néfastes sur les économies.

Ainsi on voit qu’en théorie il y a, à terme, un risque de krach obligataire si sous l’influence d’une opinion publique mal informée, on veut « revenir » aux règles classique de l’analyse économique du XIXème siècle. Cependant si l’on peut rester pendant une longue période avec des taux très bas , les Institutionnels s’adaptant à cette situation, les progrès scientifiques devraient permettre d’éviter cette crise en faisant absorber les dettes actuelles par une mini inflation.