Le déficit de la balance commerciale américaine s’accélère, 65 milliards en décembre 2005. Dans le même temps, les pays exportateurs augmentent le montant de leurs réserves, Japon et Chine autour de 800 milliards de Dollars, Corée, Taïwan et Russie environ 200 milliards, Hong-Kong Singapore et Inde plus de 100 milliards, etc.

Par ailleurs, comme l’a très bien expliqué Philippe Chalmin lors d’une émission sur fréquence protestante le 18 février 2006, les pays qui n’ont comme seule richesse que des matières premières ont du mal à se développer car les bénéfices sont monopolisés par des groupes internes ou étrangers.

Aussi, il semble que les pays à balance commerciale excédentaire : Allemagne (200 milliards), Japon (94), parmi les pays développés, Russie (120), Arabie-Saoudite (84), Venezuela (31) pays producteurs de pétrole, enfin la Chine (105) et Singapour (31), aient des problèmes d’emploi. Les deux premiers doivent partiellement ces résultats à un manque de confiance interne qui conduit à une consommation insuffisante. Les pays asiatiques et les pays pétroliers, ont parfaitement conscience du risque que ferait courir à leurs économies un ralentissement du déficit commercial américain, d’où des émissions à l’achat par le gouvernement de Bons du Trésor US. S’ils se limitaient autrefois au Treasury Bills, ils achètent maintenant des émissions à toutes les échéances. Cela explique par ailleurs l’existence d’une courbe inversée des taux, le fameux « Conundrum » de Greenspan suivant lequel la FED n’avait pas d’explication logique du phénomène. Ces achats publics représentent la grande masse des investissements de ces pays.

Mais les particuliers (et les entreprises) accumulent une part non négligeable des devises en provenance des Etats-Unis mais également des autres pays comme les participants à l’Euroland, consommateurs de pétrole et de produits bon marché (comme le textile). Les créditeurs non gouvernementaux ont eu essentiellement deux types d’emploi : l’or, ce qui explique la hausse de ce métal depuis plus d’un an, et les investissements en pays occidentaux, immobilier et surtout boursiers.

Ce dernier point est le plus important car ceux-ci ne se limitent plus à de simples placements … de pères de famille, ils commencent à vouloir racheter des entreprises. Cela pose aux pays occidentaux une question fondamentale : Sont-ils prêts à respecter les règles qu’ils ont eux-mêmes édictées en matière de capitalisme ?

La CNOOC chinoise, entreprise d’Etat, peut-elle faire une OPA sur Unocal, Mittal, groupe indien d’Amsterdam sur Arcelor, ou D.P. World, filiale de l’Etat de Dubaï sur P & O, au risque de racheter en complément, les organisations des six principaux ports américains ? Cela entraîne en effet deux attitudes : les sociétés de défense des actionnaires sont favorables car cela améliore les cotations, les politiques sont contre car ils craignent que les états des acheteurs ne puissent en profiter pour faire des pressions politiques du type russe sur le prix du gaz à l’égard de l’Ukraine ou de la Biélorussie.

Cela permet de tirer une double conclusion. Si cette tendance continue, ce qui est probable, les bourses vont toutes monter par osmose, mais en même temps va coexister un risque politique d’appauvrissement de l’occident.

 

Jean-Jacques PERQUEL 21 mars 2006