Les entreprises issues de la Silicon Valley et des pôles de compétivité américains depuis les années 1960 jusqu’en 1990 constituent la première industrie mondiale avec plus de 2000 miliards de $ d’achats en logiciels, matériels et services (Source : OCDE 2006). Ces entreprises dont certaines sont bien connues du grand public; Apple, Hp , Cisco, Dell, Intel, Microsoft, Yahoo, Google constituent le fer de lance de l’économie numérique. Les innovations qu’elles ont créées ont profondément transformé l’économie. Ce qui a été perçu en premier lieu par les consommateurs ce sont les nouveaux usages au quotidien comme la possibilité d’utiliser des logiciels puissants et d’échanger des messages et des documents sur La Toile. La dernière génération de téléphones intelligents permet d’accéder en temps réél à la mappemonde ou de se positionner géographiquement, de rechercher avec précision de l’information grâce à de puissants moteurs de recherche.

Cependant les effets profonds liés à l’usage de technologies numériques commencent à apparaître. Ils concernent l’impact de ces technologies par le biais d’internet sur des industries traditionnelles. Les industries musicales et multimedia sont directement touchées par le transfert sur Internet de budgets publicitaires. Des signaux forts comme la baisse de 25 % des investissements publicitaires sur TF 1 au dernier trimestre 2008 ou la baisse des résultats de la la SACEM sur son exercice 2008 en attestent.
La crise de nombreux journaux en France qui n’abordent l’économie numérique qu’ à reculons en est une preuve supplémentaire.
Ce qui caractérise les entreprises numériques qui ont transformé la communication et les échanges inter-entreprises et entre consommateurs, c’est qu’elles ont constitué des écosystèmes numériques puissants. Ces derniers leur permettent d’être en position forte si ce n‘est dominante sur les marchés où elles sont présentes. Les écosystèmes qu’elle peuvent créer sont une façon de préempter les marchés ou les segments de marché émergents.
La lecture des papiers qui constituent le numéro de Vie & Sciences Economiques : Stratégie et écosystèmes numériques éclaire de façon magistrale ce que sont ses écosystèmes et les effets profonds qu’ils induisent sur l’économie dans son ensemble à court terme et à long terme. Il ressort clairement que les entreprises doivent inclure dans leur démarche stratégique la conception de ces écosystèmes virtuels qui sont un à la fois un double de l’entreprise réelle et plus qu’un double car non seulement ils consolident les marchés existants mais ce sont des leviers de création et d’accompagnement du développement de marchés émergents. Cela concerne toutes les entreprises et pas seulement les organisations liées à la production de services numériques et aux media.
Les entreprises éducatives, Universités et Ecoles, sont classées selon les brevets publiés ou les publications recensées dans des bases de données. Le fameux classement de Shangaï, qui comprend parmi les nombreux critères retenus les brevets et les publications, a permis d’évaluer le chemin à parcourir pour les Universités et Grandes Ecoles françaises si elles veulent mieux se positionner au niveau mondial. Il semble qu’à l’avenir la proportion d’enseignement à distance  par rapport au face à face (présenciel) constituera un critère de choix pour différencier les institutions éducatives.

La limite étant que l’écosystème ne doit jamais être déconnecté du réel de manière quasiment totale comme cela est apparu sur les marchés financiers en 2007 et en 2008 avec les conséquences actuelles sur la croissance économique. La prolifération de contrats sur les opérations de titrisation et les produits dérivés pour ne citer que ces deux types d’opérations et leur incorporation dans d’autres produits financiers, souvent déconnectés de la réalité et devenus illisibles a contribué à détruire la confiance, base de l’économie de marché.

Ce qu’il faut retenir c’est que l’état de l’art en stratégie devra inclure pour toute entreprise une composante numérique devenue incontournable sous peine de régression de l’entreprise dans un environnement concurrentiel. Les managers d’aujourd’hui sont confrontés aux écosystèmes numériques au quotidien. Les managers du futur en formation dans les Universités devront être capables de créer, de développer, de  maintenir et d’enrichir ces écosystèmes numériques qui contribuent significativement à la création de valeur. L’importance de l’empreinte numérique va se renforcer avec la virtualisation des échanges. Elle est déjà et sera de plus en plus une composante de la performance de l’entreprise.

Daniel Bretonès                    Le 6 juillet 2009