Comme tous les ans le classement de Shangaï fait apparaître les 10 universités les mieux placées dans lesquelles on ne trouve aucune française mais huit américaines et 2 anglaises…les françaises n’apparaissent qu’en 36ème place pour Sorbonne Université, 42ème place pour Paris Sud, 64ème place pour Normale Sup. Sur la base des critères scientifiques de ce classement orientés très fortement sur la recherche, Polytechnique et l’École des Ponts sont classées dans les 400 premières Universités mondiales !

Dans le classement 2020 Paris Sud apparaîtra sous l’appellation Paris Saclay compte tenu du regroupement en cours avec 13 autres partenaires universitaires, grandes écoles et instituts. L’augmentation attendue de la production scientifique de Paris Saclay compte tenu des apports d’institutions réputées devrait permettre d’améliorer sa place au classement mondial.

La très bonne nouvelle c’est que l’Université de Montpellier est la première mondiale en sciences de l’environnement… dans le cadre du regroupement de 18 institutions dans le projet MUSE « Montpellier Université d’Excellence » visant à l’excellence dans l’agriculture, l’environnement et la Santé ! Small is beautiful. Ce résultat communiqué par l’Université de Montpellier et la région Occitane n’a été repris que faiblement par les médias nationaux alors que depuis le G7 de Biarritz l’environnement et l’écologie sont constamment cités à l’antenne. Cet état de fait illustre le découplage entre la classe politique et les Universitaires ou le monde scientifique d’une manière générale. La quasi-totalité de nos décideurs politiques n’ a jamais pratiqué la recherche universitaire de niveau doctoral et ce n’est pas un avantage au moment où il faut aider nos universités à se transformer rapidement.

Faut-il être surpris par ces résultats ? à priori non car ils ne font qu’illustrer la réalité du modèle universitaire français qui s’est centré depuis la fin de la seconde guerre mondiale et dans le cadre de la reconstruction du pays sur l’excellence opérationnelle avec les Ecoles d’ingénieur puis avec les Écoles de commerce. La recherche académique et la production de connaissances nouvelles visant des retombées à moyen et à long terme n’ont pas été considérées comme prioritaires ! Dans un environnement concurrentiel mondial ou la production de connaissances nouvelles devient essentielle le modèle universitaire devient central. L’excellence opérationnelle devient de facto moins essentielle même si elle est reste incontournable !

Les caractéristiques de notre système universitaire sont bien connues. La sélection est faible à l’entrée et s’étire tout au long des années de licence et de master. Les Ecoles doctorales se sont mises progressivement aux standards internationaux et le diplôme d’excellence qu’est le « Doctorat » est peu reconnu en France à la différence de l’ensemble du peloton de tête des pays développés. Les salaires des enseignants chercheurs français sont environ inférieurs de 30 % à ceux de leurs homologues allemands ou nordiques. Les dotations des laboratoires sont faibles comparativement à ceux des pays développés !

Pourtant Paris Sud qui s’élargira en Paris Saclay en 2020 et l’Université de Montpellier sont capables de se détacher et d’atteindre la 36ème place au classement général de Shangaï pour la première et la première place mondiale dans les sciences de l’environnement pour la seconde ! On retrouve dans ces deux cas des établissements universitaires qui disposent d’excellents enseignements de niveau licence et master et d’une recherche doctorale en pointe sur des sujets scientifiques.

La force de l’Université de Montpellier c’est de bénéficier d’une tradition universitaire de plus de huit siècles et de s’être regroupée avec des grandes écoles et des instituts prestigieux dans des disciplines complémentaires constituant entre elles les fondements des sciences de l’environnement. Il serait incomplet d’évoquer cette réussite sans parler de la transversalité instaurée entre les équipes des différents laboratoires et la diversité des approches en recherche.

Quant à l’Université Paris Saclay qui vise à maintenir sa position de leader français son budget devrait représenter 15 % du budget de la recherche française en 2020. La transversalité et l’excellence seront au rendez-vous pour produire plus de publications et de brevets, développer des entreprises innovantes et les partenariats avec les entreprises mâtures.

Plusieurs reproches sont faits à notre recherche. Elle serait trop éclatée entre des universités et des instituts et donc éparpillée en moyens humains et financiers. L’idée serait donc de consolider régionalement des ensembles académiques en les orientant vers la recherche de niveau mondial avec une spécialité et si ce n’est pas souhaité vers l’excellence opérationnelle de niveau Master pour proposer des débouchés professionnels aux étudiants.

Il faut reconnaître que parmi les points forts du système universitaire nord-américain la fluidité des échanges entre l’université et l’entreprise est fondamentale pour diffuser les idées nouvelles et transposer de nouveaux concepts dans l’industrie. C’est un point à développer en France. Verra-t-on les mastodontes du CAC 40 se mettre à financer nos Universités, comme le font les grandes entreprises américaines avec les universités locales, en leur donnant les moyens d’une recherche mieux dotée ? Peut-être faudrait t’il réfléchir à une fiscalité adaptée en France pour déclencher un mouvement de fond sur le sujet !

Les Universités qui ne sont pas encore bien positionnées dans le classement de Shangaï connaissent à priori les orientations à prendre pour progresser et ce n’est pas qu’une augmentation de moyens. Les recettes de l’excellence existent dans notre environnement universitaire. La France a du talent il ne demande qu’à s’épanouir au bénéfice des entreprises et de la collectivité !