1. Introduction

Fin 2009, le compte des transactions courantes connaît encore un important déficit : 42,1 milliards d’euros (contre 44 milliards d’euros en 2008, d’après l’INSEE). En ce qui concerne le compte financier, les IDE se soldent par des sorties nettes de 63 milliards d’euros en 2009. Ce sont les institutions financières et monétaires qui, grâce à des ressources extérieures, financent le déficit des transactions courantes et les sorties nettes relatives aux investissements directs et de portefeuille.

L’appartenance à une union monétaire ne permet pas à un pays membre de s’affranchir à long terme de l’obligation d’équilibre des comptes extérieurs. La question se pose alors de savoir comment la France peut rétablir l’équilibre de ses comptes extérieurs. Un rapport du Conseil d’analyse économique intitulé Evolution récente du commerce extérieur français de novembre 2006 conclut que le problème de commerce extérieur de la France est avant tout un problème microéconomique.

Dès lors, un rééquilibrage des comptes extérieurs de notre pays ne se limite pas à des mesures macroéconomiques mais exige de descendre à des niveaux plus microéconomiques.


2. Pendant longtemps, le nécessaire équilibre des comptes extérieurs de la France a pesé essentiellement sur la politique macroéconomique. Celle-ci doit être « revisitée » pour raffermir notre position comme grande puissance exportatrice et pour rendre notre pays attractif.


2.1 La consolidation de notre position à l’international nécessite une réorientation de notre politique sectorielle et une diversification de nos marchés
· Dans le domaine sectoriel, pour expliquer le décrochage des exportations françaises par rapport à celles de l’Allemagne, on entend fréquemment dire que la France ne vendrait pas assez de biens à fort contenu technologique. Si la ventilation sectorielle des exportations ne place pas la France dans une posture moins avantageuse que son voisin, elle apparaît en revanche dans une position moins solide pour le secteur des biens d’équipement de moyenne-haute technologie. A l’inverse des entreprises allemandes pour qui l’offre est en totale connexion avec la demande mondiale, composée de produits à très forte valeur ajoutée et peu sensible aux variations de change, les entreprises françaises sont contraintes de réduire leurs marges et par conséquent leurs capacités à investir et à croître afin d’intégrer les chocs macroéconomiques. La France doit donc combler ce retard pour se hisser au niveau de nos compétiteurs les plus directs qui sont non seulement l’Allemagne, mais aussi le Japon, les Etats-Unis, etc.
· S’agissant de la spécialisation géographique de nos exportations, la France doit faire un gros effort de diversification car les gisements de forte croissance et de dynamique des marchés se sont déplacés et sont désormais pour une large part en Asie. Alors que l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud comptent pour plus de la moitié du commerce mondial, seulement 20% de nos exportations se dirigent vers ces ensembles.

Pour remédier à la dégradation de nos comptes extérieurs, ces réorientations stratégiques doivent s’accompagner d’une politique d’attractivité territoriale.

2.2 La politique d’attractivité de l’économie française doit devenir un enjeu déterminant
· Selon la Direction de la Prévision, l’attractivité peut être définie comme la capacité à attirer des activités nouvelles et des facteurs de production mobiles – capitaux, travailleurs qualifiés – sur le territoire afin d’améliorer la productivité et d’augmenter le niveau de vie de ses habitants. L’indicateur quantitatif le plus utilisé pour observer l’attractivité d’un territoire reste les flux de capitaux de long terme liés à l’activité opérationnelle des groupes, c’est-à-dire les investissements directs étrangers (IDE) entrants dans le pays.

· La question de l’attractivité suscite une attention croissante de la part des pouvoirs publics et occupe aujourd’hui une place majeure dans les objectifs de la politique économique aux côtés de la plus traditionnelle politique commerciale. C’est une composante déterminante de la compétitivité de notre économie et de son insertion dans les échanges mondiaux. Cette mobilisation autour de l’attractivité s’est traduite par la mise en place d’un « plan gouvernemental pour l’attractivité » dont les premières mesures ont été annoncées en décembre 2003. Ce plan comportait trois objectifs principaux : attirer les capitaux, les compétences et les activités stratégiques. Il s’inscrivait dans le cadre d’une politique économique plus large visant à améliorer l’environnement des entreprises en France (loi sur la modernisation de l’économie, plan pour l’innovation et la recherche, assouplissement des dispositions de la loi sur la réduction du temps de travail).

3. Pour rééquilibrer ses comptes extérieurs, la France doit se doter d’une politique microéconomique centrée sur les PME

3.1 Une politique économique orientée vers les PME doit conduire à un accroissement de leur nombre et de leur taille

· Comme l’a rappelé la Secrétaire d’Etat au commerce extérieur lors de l’ouverture des Etats généraux du commerce extérieur en mai 2008, la France manque d’entreprises exportatrices. La France compte environ 4 % d’entreprises sur les marchés extérieurs contre 11 % de firmes allemandes. Face à ce déficit, le gouvernement projette d’augmenter d’au moins 10 000 le nombre des entreprises exportatrices d’ici 2013. Cet objectif nécessite notamment un accroissement de la taille des entreprises car comme le soulignent de nombreuses analyses convergentes, plus les firmes sont de taille importante, plus la probabilité qu’elles développent une activité de vente à l’international est grande.
· Concernant la taille de nos PME, une comparaison de la situation de la France avec celle d’autres pays développés et notamment l’Allemagne met clairement en évidence une déficience en termes d’entreprises de taille moyenne, précisément les plus susceptibles de franchir le cap de l’expansion internationale. Quand l’Allemagne affiche 14,2 % d’entreprises entre 10 et 49 salariés et 2,3 % entre 50 et 249 salariés, la France n’en dénombre respectivement que 6,5 % et 1,1 %. Il faut aider les PME à « grandir » afin de les rendre plus compétitives et de les transformer en futurs champions de l’export.

Le renforcement de notre force de frappe commerciale par un plus grand nombre d’entreprises présentes à l’international et notamment de PME a conduit les pouvoirs publics à aller plus avant dans le soutien aux PME.

3.2 De nombreuses mesures et actions ont été menées pour faire croître les PME et réduire les obstacles à leur internationalisation

· Pour faire croître les PME :
- Le projet de loi de modernisation de l’économie a préconisé la simplification des démarches administratives de création d’entreprises, la réduction des délais de paiement inter-entreprises et la limitation des conséquences des dépassements de certains seuils sociaux. Dans le même sens, le projet de Small Business Act européen, défendu par la France au cours de sa présidence de l’Union européenne, avait pour objectif d’améliorer le financement des PME et de faciliter leur accès aux marchés publics ;
- le Gouvernement continue d’investir dans l’économie de la connaissance, de miser sur le capital humain, de stimuler l’innovation et l’investissement en recherche et développement, de développer la culture de la propriété intellectuelle dans les PME ;
- il encourage un renforcement du rôle des PME au sein des pôles de compétitivité ;
- le rapport de Bruno Durieux suggère de progresser sur la dématérialisation des procédures administratives à l’exportation afin de pouvoir dialoguer avec les plateformes électroniques qui se développent en Asie notamment ;
- toutes ces mesures ont pu être engagées grâce à une politique fiscale favorable aux PME, conduite depuis 2002 (baisse de l’impôt sur les sociétés, réforme de la taxe professionnelle, PLF 2007 qui contient des avancées nouvelles pour les entreprises de croissance « les gazelles », etc.).

· Cette stratégie de croissance des PME doit s’accompagner d’un effort pour lever les obstacles à l’export. Un environnement propice au détachement et à l’expatriation a été mis en place dans le cadre du dispositif « cap export ». Il est également prévu de promouvoir plus vigoureusement le dispositif VIE auprès des PME et d’améliorer notre présence sur les salons.

4. Conclusion

La dégradation de nos comptes extérieurs est l’expression d’un certain nombre de faiblesses qui trouvent leur origine dans différents déterminants à la fois macro et microéconomiques. Parmi ceux-ci, l’insuffisance du nombre de PME exportatrices constitue indéniablement un handicap. Les actions entreprises ces dernières années doivent être renforcées car le déséquilibre de nos exportations équivaut chaque année à la perte d’un demi-point de PIB.

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