La crise financière américaine ne parait pas terminée. Les spreads entre court terme et long terme restent tendus ( au 10 Avril 2008 les T-Bills à 3 mois ont un rendement de 1,24%, le taux des T-Bonds à 10 ans est de 3,54%,mais les emprunts privés font des écarts encore plus importants).
Certes il y a plutôt une amélioration dans les toutes dernières semaines :les taux du secteur public baissent très légèrement. Par ailleurs les augmentations de capital des banques se réalisent assez facilement mais avec des spreads beaucoup plus importants pour les banques américaines qu' européennes .(Ainsi le Citigroup a levé fin 2007, 4,8 milliards de $ en deux emprunts avec des spreads de 210 et 250 points de base, tandis que la BNP a emprunté 6 milliards aux mêmes échéances avec respectivement des spreads de 55 et 70 points de base.)
L'UBS qui a été très impliquée dans les opérations de titrisation et a provisionné 38 milliards de $ a même réalisé une très importante augmentation de capital ( 19 milliards)provoquant de ce fait un retour d'optimisme sur les marchés boursiers.
En fait la situation des banques US reste tendue. Malgré des résultats somptueux Goldman Sachs a 1,8 fois ses capitaux propres en « level 3 » c-a-d en produits à effet de levier tandis que Citigroup, considéré comme l'homme malade du marché financier (ila provisionné 25 milliards de $) n' a qu'un rapport de 1,05 entre le « level 3 » et ses capitaux propres Bien entendu ce chiffres ne doivent pas faire oublier que ce « niveau 3 » couvre des opérations tout à fait différentes,la plupart étant à risque faible ou nul.Bien entendu il est toujours possible aux autorités monétaires de créer des liquidités fut-ce en contre-partie d'emprunts à haut risque .Dans ce cas la crise financière ,si sérieuse soit-elle, n'aura que peu de conséquence sur le plan de la crise ,quitte à provoquer une aggravation du déficit commercial (ou une forte inflation si l'Amérique cède à la tentation de fermer ses frontères.)
Aussi le vrai problème est celui de la crise économique .Il y deux raisons d'avoir un certain optimisme :
1. La masse monétaire s'est contractée sous l'effet d'une grande prudence des institutions .Elles ont en effet tendance à thésauriser en se plaçant en produits sans risque ( bons du trésor).Si elles acceptent certains risques elles achètent des obligations publiques ou même des actions de « père de famille »comme Air Liquide,Vinci ou Nestlé .les spéculateurs acceptent mêmed'opérer sur les matières premières au risque d'aggraver la pression inflationniste (ou /et de créer une nouvelle bulle)
Cette contraction de la masse monétaire peut ne pas être durable, d'où la peur de la Banque Centrale Européenne d'un développement de l'inflation qui l'incite pour le moment à garder un taux relativement élevé
2. Les sociétés sont très peu endettées. Depuis 3 ou 4 ans elles ont utilisé une part importante de leur cash flow à réduire leurs dettes (peut-être faute de trouver suffisamment d'occasions d'investissement .)Aussi sont elles peu sensibles à la hausse des taux longs .Entre parenthèse cette situation est partiellement responsable avec l'existence de bas taux d'intérêt dans le secteur public de la crise actuelle . En effet pour assurer leur rentabilité les banque ont recherché des opérations à effet de levier
(produits dérivés classiques ou exotiques, LBOs, CDOS etc) et se sont cru protégées en titrisant une partie de ces risques
Pareillement si les entreprises ne peuvent presque plus faire des opérations à levier de fusions/acquisitions elles peuvent continuer à engranger des profits ,du moins dans les secteurs non gènés par le ralentissement économique,ce qui est à terme favorable à la Bourse.
Au total la crise pourrait se résorber assez vite si les autorités monétaires US continuaient leur politique d'aide au secteur bancaire (affaire Bear Sterns par exemple)Mais il reste une inconnue :l'immobilier .Les prix aux USA ont baissé de 10% portant la perte pour l'économie
(et quelques banques étrangères ) à 1.000 milliards de$ ce qui paraît supportable (avec l'aide de la FED)Mais si, comme certains économistes l'envisagent la baisse passe à 20%,on pourrait entrer dans une crise plus longue et plus profonde. Il est certain que le niveau très bas des Bourse évite que s'ajoute une vraie crise boursière à une récession économique Malgré cela cette vue très pessimiste paraît exagérée.