L’importance des hausses des bourses fait peur. A la fin de 2016 le Dow Jones était à peine au-dessus de 18.000, il est maintenant, 1 an et demi plus tard, presque à 23.000, (cours de 22.660 le 5 octobre 2017 ). Le même mouvement a eu lieu sur toutes les Bourses. Ainsi le CAC 40 est passé dans le même temps de 4.300 à plus de 5000 avec une pointe à 5.442 (cours de 5.363 le 5 octobre). Les arguments des pessimistes sont impressionnants mais en même temps, grâce à l’intensification des nouvelles technologies, on a, semble-t-il, commencé la grande reprise de la branche « positive » du cycle de Mendeleïev. Aussi on peut se demander en faisant abstraction des problèmes politiques (guerre possible Américano-Nord-Coréenne par exemple) ce qui devrait dominer dans l’avenir : les anticipations positives et/ou celles qui sont négatives.
I. Le démarrage de la reprise internationale de longue durée
Si l’on regarde la carte du monde on s’aperçoit que la reprise est générale. Tous les pays sont en croissance et on est obligé d’admettre partout un relèvement d’au moins 0,2 % des prévisions que l’on avait faites il y a quelques mois. Aux Etats-Unis le chômage est tombé à 4,2 % ce qui est une indication de surchauffe. En Allemagne et en Angleterre les besoins de main d’œuvre se font cruellement sentir, aggravés dans le cas de l’Angleterre par un sentiment de xénophobie dont le Brexit n’est que le révélateur. Dans le cas français, la reprise a lieu aidée par un retour de jeunes entrepreneurs qui viennent développer des centres de recherche pour profiter de la qualité des élites formées par un système en fait rendu hautement inégalitaire par les maladresses de ministres socialistes qui pour essayer d’assurer une égalité « sociale » ont saboté le système d’enseignement public. De toute façon l’amélioration de l’état d’esprit des chefs d’entreprise et la croissance économique internationale provoquent une sensible amélioration de l’emploi. Certes l’emploi prend une allure inhabituelle par rapport à ce que l’on a pu connaître dans les crises de longue durée précédentes. La robotisation réduit fortement les emplois industriels et s’attaque même à ceux des services. Ainsi Goldman Sachs qui avait 600 traders n’en a plus que 2. Par contre il les a remplacés par une centaine d’ingénieurs informaticiens. Aussi la reprise atteint d’abord les techniciens et les cadres. Cela entraîne l’obligation de développer un enseignement adapté aux nouveaux métiers. Mais ces nouvelles activités créent peu à peu de nouveaux métiers qui vont utiliser une main d’œuvre peu spécialisée. ll semble bien que ce tournant soit pris en ce moment. On peut donc supposer que la France reprendra bientôt le chemin de la forte « croissance ».
II. Les Critiques de la situation actuelle
Elles sont encore nombreuses même si la politique de Macron a l’air d’avoir considérablement modifié l’atmosphère en France. Mais il existe de nombreuses craintes à l’échelon international.
2.1. Les bourses sont chères avec des « ratios de capitalisation » de 16 en France et de 20 aux Etats-Unis. L’anniversaire des 60 ans (18 Octobre 1987) du grand Krach de la Bourse de New-York (baisse de plus de 20 %) permet aux pessimistes dont l’actuel Secrétaire de Trésor Steven Mnuchin de comparer ce krach avec la situation actuelle. En effet on ne peut justifier les cours actuels que si les entreprises améliorent fortement leurs résultats. Il semble que ce soit le cas car il semble que, comme en 1988 où la reprise boursière a été très forte, la croissance économique continue et même s’accélère Certes le nouveau développement se fait vers des activités nouvelles au détriment des industries traditionnelles utilisatrices d’une importante main d’œuvre non spécialisée. Bien plus on s’aperçoit que robotique et numérisation poussent à des réductions « drastiques » de la main d’œuvre non spécialisée. Autre crainte de baisse des bourses s’il y a une forte hausse des taux. Mais sur ce dernier point on peut être assuré que tant que Mme Yellen reste à la tête de la FED la hausse sera modérée et en particulier que la politique de réduction de la masse monétaire sera plus que prudente.
2.2. Les pessimistes (et en particulier les économistes du F.M.I) sont inquiets quand il chiffrent l’endettement des Etats et des ménages. Ainsi la dette totale des pays du G20 est de 135.000 milliards soit 235% du P.I.B. celle de la Chine est passée de 240% fin 2012 à 310% maintenant. Ils citent Hyman Minsky pour qui les crises sont toujours issues d’un laisser-aller en matière de contrôle des dettes et se produisent dès que l’économie atteint une certaine saturation (ex crise des Subprimes lorsque la hausse des prix immobiliers s’était ralentie). Bien entendu il y a un risque dans cet endettement excessif. Ce risque est fort en début de cycle économique mais beaucoup moins dangereux en période de reprise car il peut être compensé soit par une augmentation de la croissance, ce qui parait être le cas, soit par une forte inflation dont on n’a pas le moindre prémisse. D’ailleurs le fonds monétaire n’envisage de danger que pour dans 5 ans.
2.3. Le développement des « I.C.O (Initial Coin Offerings) » reste le danger majeur de fluctuations défavorables dans les économies. Ce sont des émissions de « jetons » qui circulent par l’intermédiaire de « blockchains » systèmes autorégulés et auto-contrôlés. Le total des monnaies cryptées atteint à l’heure actuelle 170 milliards de dollars. Les deux principaux « Bitcoin » et « Ether » détiennent leur propre « blockchains. (56 % des transactions) utilisés pour 24 % par d’autres I.C.O. Les autres ont leur propre système. Chaque ICO émis avec des hausses qui peuvent atteindre 990% du prix d’émission (au risque de rebaisser très vite) sont en général spécialisées au moment de l’émission (financement de fintech, de sociétés de robotique, de spéculations boursières et même de paris ou de jeux, etc..). Ils ont levé plus de 2 milliards de dollars cette année et jusqu’à présent il n’y a eu que 19 % d’échecs (c’est-à-dire d’ICO qui n’ont pas réussi à trouver des fonds pour lancer leur émission). On voit ainsi par l’ampleur de la collecte de fonds (2 milliards de dollars depuis le début de l’année 2017) les dégâts que pourraient faire des difficultés économiques s’il y avait un fort ralentissement ce qui n’est pas le cas pour le moment. En résume on peut dire que le développement de ce système de « fiat money » est sain dans la mesure où, il élargit la masse monétaire pour aider le développement de la « Nouvelle Economie » (le Japon accepte le Bitcoin pour les paiements comme une véritable monnaie). Mais il y a un danger dans les excès de spéculations sur une masse d’ICOs dont certaines n’indiquent même pas leur but économique (ce qui rappelle l’émission en Angleterre dans les années 1880 des titres d’une société qui n’indiquait pas son activité « de peur de la concurrence qui pourrait s’exercer contre elle ».
Conclusion
On s’aperçoit que nous sommes rentrés dans une reprise de longue durée. Comme tous les mouvements durables ils s’accompagnent de fluctuations de moins longues durées ! Fluctuations inévitables si on reprend l’analyse d’Hyman Minsky. Celui-ci explique en effet que tout développement d’innovations provoque un excès de crédit et un krach inévitable. Le seul point important c’est de savoir quelle est la tendance générale. Si l’on prend justement l’exemple de 1987 on s’aperçoit que le krach boursier du 18 Octobre n’a eu aucune conséquence sérieuse et a été corrigé dans les quelques mois qui ont suivi car la tendance générale était à la croissance, croissance qui a eu son point culminant dans les années 93 et suivantes.
Aussi on devrait pouvoir dire, s’il n’y a pas de cataclysme international, qu’il peut y avoir de fortes fluctuations autour des I.C.O.s mais que la tendance générale mondiale est : une amélioration de « longue durée ».