Crypto-actifs : innovation de rupture ou vecteur de risques ?
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La numérisation des paiements n’est pas un phénomène nouveau. Depuis des années, le secteur des paiements connaît une profonde transformation, entretenue par des approches novatrices des nouveaux acteurs, la consolidation du secteur et la demande de la clientèle. Aujourd’hui, l’adoption du numérique est établie. D’après un rapport de Capgemini, « The 2022 Top Trends in Payments », la croissance des paiements numériques a modifié énormément le paysage des instruments de paiement traditionnels.
Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, nous assistons à une effervescence agitant le monde monétaire et financier, qui est due à l’apparition des crypto-actifs. D’après le Fonds monétaire international (FMI), la valeur de marché du total des crypto-actifs en circulation a dépassé les 2 000 milliards de dollars en septembre 2021, soit 10 fois plus que début 2020. Leur développement est allé de pair avec leur diversification croissante.
D’après certains experts, les crypto-actifs, qui reposent sur la technologie de la chaîne de blocs (« blockchain ») à travers un registre décentralisé et un protocole informatique chiffré, constituent une innovation de rupture, porteuse de promesses dans le domaine des paiements. D’autres au contraire estiment que les crypto-actifs sont vecteurs de risques : fraude, instabilité de notre système de paiement, menace pour la souveraineté monétaire des Etats et pour l’environnement. Dans un rapport de l’Assemblée nationale sur les crypto-actifs de janvier 2019, le Président de la Commission des Finances, Eric Woerth déclare ne pas souhaiter que la France devienne une « crypto-nation ». Il rappelle qu’étymologiquement, le terme « crypto » du grec « kruptos » ou « kruphaios » signifie « caché ». Il est vrai qu’en matière de crypto-actifs, beaucoup de choses demeurent « encore cachées, non transparentes et opaques » comme le souligne Eric Woerth.
Dans le présent article, nous allons nous interroger sur le fait de savoir si les crypto-actifs constituent véritablement une innovation de rupture ou au contraire un facteur de nombreux risques et dommages.
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Enjeux et défis de l’innovation frugale
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Introduction
Pour le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, la France doit réfléchir à un modèle de croissance plus durable et innovant. Pour cela, il met l’accent sur trois transformations « schumpétériennes » : 1) la transformation numérique; 2) la transformation écologique; 3) la transformation du travail.
Concernant Schumpeter, il faut en effet rappeler que dès son œuvre principale intitulée « Théorie de l’évolution économique », cet économiste place l’innovation au cœur de la dynamique du capitalisme car elle est le moteur de la croissance économique et du développement. Il distingue cinq types d’innovations : 1) les innovations de produits; 2) les innovations de procédés; 3) la découverte d’une nouvelle source de matière première ou d’énergie; 4) les innovations commerciales; 5) les nouveaux types d’organisation.
L’innovation est au cœur du quotidien et un enjeu majeur au niveau économique, environnemental ou sociétal. Cela étant, depuis plusieurs années, les économies occidentales sont confrontées à un contexte où la soutenabilité de la croissance est remise en cause, où les contraintes financières sont de plus en plus pesantes et où les ressources naturelles risquent de ne plus garantir un approvisionnement durable. Dans cet environnement, d’aucuns proposent de nouveaux modèles d’innovation comme celui de l’innovation frugale. L’économie changerait alors de paradigme : il s’agirait de « faire plus avec moins ».
Qu’est-ce que l’innovation frugale et quels sont ses enjeux ?
Comment lutter contre l’inflation
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- Écrit par Jean-Jacques Perquel
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Normalement la masse monétaire doit croître à une vitesse proche de la croissance économique pour assurer une évolution harmonieuse de l’économie. Les autorités financières ont un certain contrôle de la masse monétaire (émissions de la Banque Centrale et contrôle des réserves obligatoires des banques) ,mais n’ont aucune possibilité d’influencer la vitesse de rotation de la monnaie qui dépend de la « position psychologique » des détenteurs de fonds (ménages, institutions, État, étrangers.). Dans une situation calme la vitesse de rotation monétaire est stable et l’on peut considérer que la hausse des prix est liée directement à la masse monétaire (cf réponse aux paradoxes du Seigneur de Malestroict de Jean Bodin (1568).
Mais il y a parfois des augmentations « anormales » de la masse monétaire soit pour des raisons exogènes (Or de l’Amérique Latine ou découverte au Klondyke) soit endogènes (pour des raisons politiques comme la faillite de Law sous la Régence, les Assignats ou l’inflation allemande de 1924, ou économiques pour éviter une crise mondiale avec la création par Ben Bernanque des mesures non conventionnelles.).
Mais toute augmentation de masse monétaire est dangereuse. Elle peut conduire à de l’inflation. Elle peut même conduire à de l’Hyperinflation c.a.d de l’inflation devenue incontrôlable si cette augmentation est brutale. Chaque fois la solution a été plus ou moins bonne. Parfois on a eu recours à une ou deux faillites (assignats devenus mandats territoriaux, avant de devenir le Franc Germinal, réformes après la Guerre de Gutt en Belgique et d’Ehrard en Allemagne.) mais cela a permis au système de continuer. Pour comprendre la situation il faut analyser la position classique qui tente de devenir dominante et une analyse issue d’une hypothèse plus optimiste.
Voulons-nous une société sans repères ?
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- Écrit par Nadia Antonin
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1. Introduction
Que ce soit dans le domaine économique, social, sociétal et politique, nos valeurs traditionnelles sont battues en brèche et nous sommes en train de perdre nos repères. Dans un article intitulé «Révolution des valeurs et mondialisation », le philosophe et ancien ministre Luc Ferry écrit : « Nous avons vécu, du moins en Europe et dans le monde occidental, une « déconstruction » des valeurs traditionnelles comme on n’en avait jamais connu dans l’histoire de l’humanité. Qu’il s’agisse de l’art moderne, des sciences et des techniques, de l’évolution des mœurs, de la condition des femmes, des homosexuels, de la « fin des paysans », des principes traditionnels de l’école républicaine, avec ses bons points, ses bonnets d’âne et ses cérémonies de remise des prix, notre univers mental a changé, en bien comme en mal, parfois davantage en cinquante ans qu’en cinq siècles ».
La crise que nous traversons recouvre la confluence de deux processus : une crise morale et une crise économique qui ont abouti à une société d’hostilité et de peur. A cet égard, le sociologue Daniel Martin souligne que « les Français ont perdu progressivement du respect pour les valeurs morales, perte qui s’est accélérée depuis la Libération et surtout depuis mai 68 ». Pour ce sociologue, « la perte de respect des valeurs morales affecte d’abord le respect de l’autre et se manifeste par un individualisme et un égoïsme croissant » […] On ne respecte plus les autres mais on exige qu’ils vous respectent ». En outre, « en perdant le respect des autres on perd le plus souvent le respect de soi-même ». Une autre caractéristique de la société de défiance évoquée par Daniel Martin est la perte du sens de l’engagement personnel et du devoir.
Parmi les facteurs qui sont à l’origine de la perte de repères, il faut citer la mondialisation qui a entraîné entre autres l’uniformisation, la défiance, la perte de sens au travail, le déclin des institutions, la civilisation numérique, etc.
Après avoir examiné les différentes causes qui expliquent l’évolution vers une société sans repères, nous évoquerons les conséquences désastreuses d’une société du vide.